"Vincent, les derniers jours" – en monolog skrevet av vår elev Aileen

Aileen har vært student hos Atelier24 i to år nå. Hun bor ikke i Oslo og har valgt å ta online privattimer. Hver uke utforsker hun fransk språk og kultur med Thierry som veileder. Les monologen hun skrev om Van Goghs siste dager!


Hver onsdag treffes Aileen og hennes lærer Thierry digitalt via Zoom. Samfunnsliv og historie er hyppig del av diskusjonene men særlig litteratur er blitt sentralt. De har snakket om Perecs unike univers, Garys engasjerende romaner, og nylig den fine prosaen til Le Clézio.

I det siste har de jobbet med kunst som inspirasjon for å skrive og Aileen har utarbeidet to engasjerende tekster. Inspirert av et av Cézannes malerier (Kortspillerne), skrev Aileen først en dialog mellom maleren and hans barndomsvenn Zola. Hun så på relasjonen deres og dens historiske bakgrunn. Den andre teksten som gjengis her, kom som resultat av en kontemplasjon rundt Van Goghs Kråker over hveteåkeren. Læreren hennes ble nok en gang imponert av hva Aileen kunne produsere. « Bravo ! »
 



Vincent, les derniers jours


C'est l’année 1890. Le mois de juillet est sec et chaud. Vincent se tient dans un champ de blé devant son chevalet. Il tient dans la main gauche une palette où s’étale de la peinture jaune, bleue et noire, et à la main droite, un gros pinceau. Sur le sol, partout autour de lui, il y a des tubes et des pots de peinture éparpillés. Il y a aussi une volée immense de grands corbeaux noirs pillant les épis de blé. Débraillé, Vincent semble déboussolé et éreinté. 

Silence… il commence à peindre avec ferveur. On entend le bruit sourd et la violence des coups de pinceau sur la grande toile. 


VINCENT – C’est toujours comme ça, cette incandescence du crépuscule. Elle est magnifique, éthérée et donne au blé une couleur jaunâtre presque lumineuse. Le ciel est rempli de corbeaux, oiseaux noirs de jais et de mauvaise augure, qui me crient sans cesse leurs menaces assourdissantes, leurs ailes battant aussi frénétiquement que leurs cris. 

Vincent crie à haut voix en agitant les bras d’une façon analogue aux oiseaux.  


J’entends vos insultes ! Mais… vous… valkyries désagréables… vous n’avez à vous plaindre de rien, vous êtes en liberté, vous ! Personne ne vous menace ! 

Un court silence…il recommence à peindre  


Ces derniers temps, je me sentais comme un tel oiseau, aux ailes couleur de minuit qui battent frénétiquement...
Ils sont libres mais en revanche, moi…
Moi, je suis emprisonné dans une petite cage de solitude… de la solitude extrême et pitoyable…
Et mes ailes, elles battent en vain. Il n’y a pas d’issue ! 

Il s'écarte de son chevalet, le scrutant. Puis, revenant d’un bond, il y tamponne encore plus de grosses gouttes de peinture, les étalant fébrilement, utilisant son couteau à palette. Il se penche plusieurs fois pour récupérer des pots et des tubes de peinture du sol, regardant intensément leurs étiquettes pour ensuite les jeter à nouveau au sol. 


Ce champ de blé que j’ai peint tant de fois, aujourd’hui il est différent.
Aujourd'hui, j’y vois plusieurs sentiers que je n'ai jamais vus auparavant et qui en ce moment mènent dans des voies différentes et inverses. Pourquoi ils viennent et vont comme ça ? Où est-ce qu’ils mènent ? 

Silence… D'un coup Vincent arrête son travail, tourne la tête vers le ciel et contemple le zénith. Il écarte les bras ayant toujours dans les mains le pinceau et la palette. 


C’est l’incertitude... Oui ! C'est l’incertitude ! Effrayant d'avoir un tel avenir, si incertain !

Théo, toi, mon frère qui as toujours été mon socle, mes fondations… Toi qui envisages bientôt de quitter ton emploi chez les marchands d’art… Pourquoi maintenant ? Pour moi, ce changement représente inévitablement un certain risque financier. Je suis accablé de craintes. Oui, c’est l’incertitude…

Où est-ce que ces trois sentiers mènent ? Ma cage diminue, mes ailes battent plus frénétiquement et les cris et les insultes augmentent… Où est-ce que ces trois chemins mènent ? 

Silence… La lune vient de se lever, la lumière a déjà beaucoup diminué, les oiseaux sont partis. Il regarde sa toile une dernière fois. Elle est achevée. Vincent laisse tous les tubes, les pots de peinture et les nombreux pinceaux au sol. Il prend doucement la peinture du chevalet et marchant avec soin sous la lune pâle, il traverse le champ de blé, utilisant l'unique sentier. 


Aileen Murdoch-Larsen


Vincent Van Gogh, Champ de blé aux corbeaux (1890)

Van Gogh

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